Par la voix de son porte-parole, le ministère iranien des Affaires étrangères a salué la récente visite de deux jours du président Massoud Pezeshkian au Pakistan, déclarant qu’elle ouvrira un nouveau chapitre dans les relations entre les deux voisins, confirmant ainsi l’évaluation positive exprimée par le président lui-même.
« La visite du président [iranien, Massoud Pezeshkian] au Pakistan revêt une très grande importance », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Esmaïl Baghaï lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce lundi 4 août à Téhéran, avec pour thème le déplacement de M. Pezeshkian.
M. Baghaï a souligné que la décision prise par les deux pays d’engager des négociations pour un libre-échange, fondé sur un accord pertinent, constitue un point culminant de la visite, précisant que les détails de cet accord restent encore à discuter entre les parties.
Au cours de la visite, douze documents ont été signés dans divers domaines, notamment l’économie, le commerce, le tourisme, les douanes et la culture, a-t-il fait savoir.
Dans la foulée, il a rappelé que l’Iran a été le premier pays à reconnaître le Pakistan dès sa création, mettant en avant les relations fraternelles et amicales qui lient les deux nations et gouvernements depuis lors.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a réitéré les propos du président Pezeshkian tenus pendant sa visite, saluant la position constante du Pakistan qui a condamné la guerre génocidaire israélienne contre la bande de Gaza, désormais longue de 22 mois.
« Cette position illustre l’approche de principe du Pakistan envers l’état de droit et sa prise de conscience des dangers de l’expansionnisme sioniste », a-t-il ajouté.
En outre, il a indiqué que la coopération trilatérale Iran‑Pakistan‑Turquie a été évoquée lors de la visite du président iranien au Pakistan, soulignant que ce partenariat remonte aux années 1960 avec la création du Centre régional de coopération pour le développement (CRCD), devenu dans les années 1980 l’Organisation de coopération économique (OCE).
Ainsi, ces trois nations entretiennent non seulement des liens historiques, mais aussi des relations institutionnelles, selon les mots de M. Baghaï qui a indiqué que la coopération entre ces trois pays a initialement concerné l’économie, et qu'il est pourtant possible aujourd’hui de l’élargir à d’autres domaines, y compris politique, sécuritaire, culturel ou régional.
Ailleurs dans ses remarques, il a réagi aux récents propos du ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy qui a remis en cause le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.
« En fait, il n’est pas en mesure de semer le doute à moins que ses propos ne soient considérés comme une prise de position politique interventionniste », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
S’il reconnaît l’Agence internationale de l’énergie atomique comme une autorité compétente et crédible, il doit naturellement accepter ses rapports officiels, selon lesquels le programme nucléaire pacifique iranien n’a aucun détournement vers des fins non conventionnelles, a-t-il affirmé.
Ces propos reflètent uniquement la position politique de la Grande-Bretagne, et témoignent que la troïka européenne ne croit plus à leur adhésion à l’accord nucléaire de 2015, connu également sous le nom du Plan global d’action commun (PGAC), a poursuivi M. Baghaï.
« S’ils le faisaient, ils réexamineraient le texte de l’accord ainsi que la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui confirment et approuvent le programme nucléaire pacifique de l’Iran, y compris son droit à l’enrichissement », a-t-il précisé.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a déploré des propos similaires tenus à plusieurs reprises par les homologues français et allemand de David Lammy.
Plus loin dans ses remarques, il a évoqué la proposition de l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif portant sur la création d’un consortium régional d’enrichissement de l’uranium.
Cette idée n’est pas nouvelle, puisqu’elle figure déjà dans des négociations passées sans entrer dans des phases pratiques, a-t-il indiqué.
« L’enrichissement en Iran, en tant que partie indissociable des droits de la République islamique selon le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, revêt une importance capitale. Tout plan garantissant ce droit sera examiné », a-t-il affirmé.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a indiqué que toute négociation future avec les États-Unis devrait nécessairement inclure la demande iranienne de compensations en raison du soutien de Washington au régime israélien dans la guerre contre l’Iran en juin, et des frappes américaines sur le territoire iranien en fin de conflit.
Il a précisé que ces futures discussions, si jamais elles sont possibles, différeraient certainement de celles antérieures au 13 juin, date à laquelle le régime israélien a déclenché ses actes d’agression contre la République islamique.
Critiquant ceux qui décrètent comme juridiquement infondée cette position, Esmaïl Baghaï a rappelé que le droit international tient les contrevenants responsables, citant les décisions précédentes de la Cour internationale de Justice condamnatoires à l’encontre des interventions américaines au Nicaragua ou des actions de Washington contre des plateformes pétrolières iraniennes.
En ce qui concerne de nouvelles sanctions américaines ciblant des personnes et entreprises maritimes iraniennes, M. Baghaï a affirmé que cette mesure est « absolument contraire au droit international » et perturbe le commerce mondial. Il a toutefois conclu : « Nous avons appris à préserver notre pays malgré des sanctions illégales et oppressives ».