Le nouveau président en exercice de l’Autorité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et président de la République de Sierra Leone, Julius Maada Bio, a appelé dans la journée du 5 août à renouer le dialogue avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), lors d’une rencontre avec le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, au Palais présidentiel de Freetown, rapporte l’agence de presse RT ce mercredi 6 août.
Julius Maada Bio a plaidé pour un rapprochement stratégique et un « partenariat plus étroit et plus fort » entre les États de la sous-région, s’inscrivant dans la continuité de la position de son prédécesseur nigérian Bola Ahmed Tinubu, qui avait déjà déclaré lors du sommet d’Abuja, le 22 juin dernier : « Nos portes leur restent ouvertes pour l’unité, la solidarité et la vision commune de l’avenir ».
Pour le président de la Sierra Leone, « il est impératif que nous construisions une relation plus forte entre la CEDEAO et les nations de l’AES et que nous exploitions ce partenariat pour l’avancement de notre Communauté ». Cette position est d’ailleurs partagée par plusieurs dirigeants africains qui ont exprimé l’urgence d’une collaboration sécuritaire renforcée entre la CEDEAO et l’AES, à l’occasion de la conférence de Dakar pour le 50ᵉ anniversaire de la Communauté économique sous-régionale, tenue du 18 au 20 juin derniers.
Pour concrétiser ce rapprochement, des réformes profondes de la CEDEAO seraient nécessaires, de l’avis de plusieurs leaders africains, pour amoindrir les divergences avec l’AES et mieux affronter les défis qui s’imposent à la région ouest de l’Afrique.
En attendant cela, Julius Maada Bio a proposé, dans le cadre de ses initiatives diplomatiques, de tenir un « Sommet spécial axé sur l’avenir de la région ouest-africaine », avec la participation de l’AES, au cours duquel la question des relations entre les deux organisations devrait constituer un des axes majeurs.
Une diplomatie post-rupture en construction
Cette initiative intervient sept mois après l’entrée en vigueur effective du retrait des trois pays sahéliens de la CEDEAO (janvier 2025), conformément à l’article 91 du traité révisé prévoyant un délai d’un an depuis l’annonce initiale de janvier 2024.
Le sommet d’Abuja du 22 juin avait mis en place une troïka ministérielle, épaulée par un négociateur en chef et le président de la Commission CEDEAO, pour « encadrer politiquement et techniquement » cette sortie historique. Cette structure doit notamment préserver les droits des citoyens, gérer les conséquences institutionnelles et sécuritaires, tout en maintenant la libre circulation des personnes et des biens.
De leur côté, les trois pays de l’AES ont renforcé leur autonomie institutionnelle depuis la création de leur cadre confédéral en juillet 2024, se dotant d’un drapeau, d’un hymne, d’un passeport commun et d’un projet de force militaire conjointe.