Lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, lundi 11 août, le président iranien, Massoud Pezeshkian a précisé que les pays de la région doivent rester vigilants et prudents face aux éventuels plans des États-Unis visant à poursuivre leurs objectifs hégémoniques dans le Caucase.
M. Pezeshkian a averti que Washington pourrait utiliser un projet de construction d’un corridor de transport dans la région du Caucase pour atteindre ses objectifs sous couvert d’investissement économique ou de promotion de la paix.
« Il faut s’assurer que ce corridor soit véritablement une voie de paix et de développement, et non un outil au service des objectifs hégémoniques de puissances étrangères », a-t-il précisé, soulignant que ce projet doit préserver la souveraineté de l’Arménie et empêcher toute intervention militaire ou sécuritaire étrangère.
« La République islamique d’Iran, en tant que pilier de la paix, de stabilité et de sécurité dans la région, salue tout accord qui conduit à la promotion de la paix, notamment entre les pays de la région », a ajouté M. Pezeshkian.
Ailleurs dans ses remarques, le président Pezeshkian a affirmé que les relations stratégiques entre l’Iran et l’Arménie ont toujours été constructives et fondées sur le bon voisinage et le respect de l’intégrité territoriale de chacun, avant de préciser que Téhéran et Erevan s’opposent fermement à toute initiative visant à perturber leurs relations bilatérales profondes et enracinées.
Soulignant que Téhéran a toujours donné la priorité aux intérêts communs dans ses relations régionales, en particulier avec ses voisins, le président iranien s’est dit convaincu que les pays voisins adoptent aussi une approche similaire comme l’une de leurs priorités fondamentales.
À son tour, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a qualifié d’« importante et précieuse » l’insistance de l’Iran sur la nécessité de préserver l’intégrité et la souveraineté de l’Arménie.
Il a ajouté que l’Arménie ne signera aucun accord tant qu’elle n’aura pas été assurée que celui-ci respectera les intérêts, les considérations et les sensibilités du pays ami qu’est l’Iran.
M. Pachinian a remercié les positions de principe de la République islamique d’Iran et du président Pezeshkian dans le but de maintenir la convergence entre les pays de la région.
En outre, le Premier ministre arménien a mis l’accent sur l’importance de la prochaine visite du président Pezeshkian en Arménie.
Dans le même temps, le bureau du Premier ministre arménien a indiqué dans un communiqué rendu public ce lundi que M. Pachinian avait présenté au président iranien les résultats des pourparlers du 8 août à Washington, en mettant l’accent sur les opportunités qu’offre à la région la paix établie entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le bureau du Premier ministre arménien a souligné que les voies régionales fonctionneront dans le cadre des principes d’intégrité territoriale, de souveraineté et de juridiction des pays, et sur la base de la réciprocité.
À noter que l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont signé, le 8 août, un accord de paix négocié par les États-Unis lors d’une réunion avec le président américain Donald Trump, après des décennies de tensions autour de la région longtemps disputée du Karabakh.
Cette région a toujours été reconnue au niveau international comme faisant partie de la République d’Azerbaïdjan.
Les forces azerbaïdjanaises ont repris le contrôle du territoire à l’issue d’une offensive de 24 heures en septembre 2023.
Téhéran a pleinement connaissance des convoitises de longue date du Royaume-Uni et des États-Unis pour étendre leur influence du Caucase jusqu’en Asie centrale — une stratégie qui cherche à dominer les trois plus petits États de la région tout en isolant l’Iran et la Russie.
En réaction à l’accord Erevan-Bakou, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré le 10 août que Téhéran se félicite de tout accord de paix entre ses deux voisins au nord.
La République islamique d’Iran appelle au respect total de la souveraineté de tous les pays de la région et défend leur intégrité territoriale, a précisé le chef de la diplomatie iranienne, en affirmant : « Nous défendons les frontières internationales et n’acceptons aucun changement de celles-ci ».