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Macron admet que la France a utilisé une "violence répressive" dans la décolonisation du Cameroun

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président camerounais Paul Biya et le chef d'État français Emmanuel Macron, à Lyon, le 10 octobre 2019. AFP

La répression française des indépendantistes camerounais a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Mardi 12 août, l’Élysée a rendu publique une lettre d’Emmanuel Macron adressée au président camerounais Paul Biya, dans laquelle il reconnaît pour la première fois que la France a mené entre 1945 et 1971 une guerre au Cameroun marquée par des violences répressives pendant et après la décolonisation de ce pays africain.

Ce mea culpa de la France fait suite à un rapport officiel publié en janvier, révélant que l’ancien colonisateur avait mis en œuvre des déplacements forcés massifs, poussé des centaines de milliers de Camerounais dans des camps d’internement et soutenu des milices brutales pour réprimer la quête de souveraineté de ce pays d’Afrique centrale.

La commission historique a examiné le rôle de la France dans les années précédant et suivant l’indépendance du Cameroun, obtenue le 1er janvier 1960.

« Les historiens de la commission ont clairement établi qu’il y a eu une guerre au Cameroun, durant laquelle les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de plusieurs natures... qui ont continué après 1960 », a écrit Macron dans sa lettre adressée au président Biya.

« Il m’incombe aujourd’hui d’assumer le rôle et la responsabilité de la France dans ces événements », a-t-il ajouté.

Macron avait annoncé la création de cette commission lors d’un voyage en 2022 dans la capitale camerounaise, Yaoundé.

La majeure partie du Cameroun est passée sous domination française en 1918 après la défaite de son précédent colonisateur, l’Allemagne, pendant la Première Guerre mondiale.

Cependant, un conflit brutal a éclaté lorsque le pays a commencé à réclamer son indépendance après la Seconde Guerre mondiale, une revendication que la France a violemment réprimée, selon les conclusions du rapport.

Entre 1956 et 1961, la lutte de la France contre l’indépendance camerounaise a causé « des dizaines de milliers de morts » et déplacé des centaines de milliers de personnes, ont indiqué les historiens.

Pour beaucoup en France, la guerre au Cameroun est passée inaperçue, car elle impliquait principalement des troupes issues des colonies africaines et était éclipsée par la guerre d’indépendance de l’Algérie entre 1954 et 1962.

Même après l’indépendance du Cameroun en 1960, Paris est resté profondément impliqué dans sa gouvernance, collaborant étroitement avec le gouvernement « autoritaire et autocratique » d’Ahmadou Ahidjo, qui est resté au pouvoir jusqu’en 1982.

Macron a déclaré que la France faciliterait l’accès à ses archives pour permettre aux chercheurs de poursuivre les travaux de la commission.

Il a également proposé la création d’un « groupe de travail » bilatéral pour suivre les progrès des recherches et de l’éducation en cours.

Macron a pris des mesures prudentes pour aborder certains aspects autrefois tabous de l’histoire de la France, bien que beaucoup estiment qu’il n’est pas allé assez loin.

Un rapport de 2021 a conclu que la France portait des « responsabilités accablantes » dans le génocide rwandais de 1994, et une revue de 2020 sur les actions de la France pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie a appelé à une « commission vérité » et à d’autres actions conciliatrices.

Cependant, comme dans le cas du génocide au Rwanda ou encore des tortures et autres abus commis par les troupes françaises en Algérie, Emmanuel Macron ne va cette fois pas non plus présenter d’excuses, encore moins envisager des réparations, même symboliques.

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV