Un ministre israélien d'extrême droite a appelé à accélérer un projet majeur de construction de milliers de logements en Cisjordanie et à annexer ce territoire palestinien occupé par Israël, suscitant des condamnations à l'international.
Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a annoncé, jeudi 14 août, la validation d'un plan de colonisation pour la construction de 3 400 logements à l'Est d'al-Qods occupé en Cisjordanie, disant que cette décision « enterre l’idée d’un État palestinien ».
Il s’agit de la construction de 3 400 unités de logement dans le secteur de Maale Adumim, la plus grande colonie de peuplement située en Cisjordanie occupée, à l'Est d'al-Qods occupé, très précisément dans la zone controversée dénommée E1.
« Ceux qui veulent aujourd'hui reconnaître un État palestinien recevront une réponse de notre part sur le terrain (...) Par des faits concrets: des maisons, des quartiers, des routes et des familles juives qui construisent leur vie », a déclaré Smotrich.
« Si vous reconnaissez un État palestinien en septembre, notre réponse sera l'application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie », a-t-il menacé en faisant référence au nom biblique de la Cisjordanie.
De même, le ministre extrémiste a appelé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à annexer la Cisjordanie occupée et « à faire en sorte que, d’ici septembre, les dirigeants européens hypocrites n’aient plus rien à reconnaître ».
Cette annonce semble être une réponse directe aux récentes déclarations de la France, de la Grande-Bretagne, du Canada et de l’Australie exprimant leur intention de reconnaître un État palestinien lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies le mois prochain.
L'ONU et l'Union européenne ont appelé Israël à renoncer à son projet d’implantation de colonies baptisé E1 qui couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien disposant d'une continuité territoriale.
Depuis 1967, le régime israélien occupe la Cisjordanie. Au fil des décennies, il y a installé environ 500 000 colons israéliens dans des colonies de peuplement. Ces implantations, qui ne cessent de s’étendre, sont considérées comme illégales au regard du droit international.
Condamnations affluent de toutes parts
L'Autorité palestinienne basée à Ramallah en Cisjordanie a « condamné fermement » ce projet et « appelé à une intervention internationale et des sanctions pour arrêter sa mise en œuvre ». « La construction dans la zone E1 est une continuation des plans d'occupation visant à anéantir toute possibilité d'établir l'Etat palestinien », a-t-elle affirmé.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a, quant à lui, mis en garde contre ce projet, soulignant que sa réalisation « mettrait fin aux perspectives d’une solution à deux États » et « couperait le nord du sud de la Cisjordanie ».
« La décision des autorités israéliennes de faire avancer le plan de colonisation E1 sape davantage la solution à deux Etats tout en constituant une violation du droit international », a déclaré la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a également condamné le projet dans les termes les plus forts, dans un communiqué sur X.
Ce plan a même suscité polémique parmi les soutiens du régime sioniste. Le ministère allemand des Affaires étrangères s'est « fermement » opposé à la poursuite du projet israélien. « La construction de colonies viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et complique une solution négociée à deux États », souligne la diplomatie allemande.