Lundi 18 août, le Tribunal de Gaza a appelé à une intervention militaire internationale urgente pour mettre fin à la phase la plus létale du génocide perpétré par Israël dans l’enclave palestinienne, avertissant qu’une inaction constituera « un échec historique de l’humanité ».
Lors d’une conférence de presse tenue à Istanbul, le président de ce tribunal indépendant, Richard Falk, professeur émérite de droit international à l’université américaine de Princeton et ancien rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens (2008-2014), a exhorté les gouvernements à contourner le Conseil de sécurité et à habiliter l’Assemblée générale des Nations Unies à autoriser une intervention militaire.
« Si nous ne prenons pas de mesures sérieuses et drastiques à ce stade, toute action plus modérée sera trop tardive pour sauver les survivants déjà traumatisés par plus de 22 mois de génocide », a déclaré M. Falk.
En outre, il a indiqué que le monde entier est plus que jamais conscient de la transparence d’un génocide commis en temps réel, avant de souligner que cela met l’humanité au défi. Il a aussi critiqué les démocraties occidentales qui ont eu un comportement complice dans les crimes de guerre à Gaza.
« Nous essayons de nous adresser à la conscience de tous et d’encourager le type d’activisme qui produira des changements de gouvernement à venir, en particulier un embargo sur les armes et diverses formes de sanctions… y compris le type de solidarité avec la lutte palestinienne qui s’est avéré si efficace dans la campagne anti-apartheid », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, M. Falk a dénoncé les agressions systématiques du régime israélien pour réduire au silence ceux qui disent la vérité, en faisant référence aux rapporteurs onusiens des droits de l’homme ainsi que le récent assassinat des journalistes palestiniens de la chaîne d’information Al Jazeera.
Dans son communiqué d’urgence intitulé Il est temps d’AGIR : se mobiliser contre la [soi-disant] conquête planifiée par Israël de la ville de Gaza et du centre de Gaza, le Tribunal de Gaza a mis en avant la décision prise le 7 août par le cabinet de « sécurité » du régime israélien — décision que Falk a affirmé être « rejetée par le haut commandement militaire israélien lui-même » — de poursuivre l’occupation de la ville de Gaza, où près d’un million de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge.
Citant l’appel de l’ambassadeur palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, en faveur des forces de protection internationale, le Tribunal de Gaza a écrit que le silence face au génocide équivaut à de la complicité.
Le renforcement du rôle de la vérité ou des conceptions de la réalité font partie de la mission du Tribunal de Gaza, toujours selon le même communiqué qui a ajouté que ce dernier revêt une « importance stratégique non seulement pour Gaza, mais aussi pour le bien-être du monde ».
Le Tribunal de Gaza se dit prêt à soulever la question lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies, prévue le mois prochain à New York. « Nous espérons avoir posé les bases de cette démarche par la publication de ce communiqué aujourd’hui », a déclaré M. Falk.
À noter que le Tribunal de Gaza a été lancé à Londres en novembre 2024 par près de 100 universitaires, intellectuels, défenseurs des droits de l’homme et acteurs de la société civile, invoquant « l’échec total de la communauté internationale à appliquer le droit international » à Gaza.
Depuis lors, il a tenu plusieurs sessions, dont une réunion en février 2025 à Londres et une rencontre stratégique à Istanbul pour informer l’opinion publique internationale.
En mai, le tribunal a organisé une session publique de quatre jours à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, au cours de laquelle il a entendu le témoignage de journalistes, d’universitaires et d’experts.
Cette session s’est conclue par la Déclaration de Sarajevo, qui a formellement accusé Israël de génocide, de crimes de guerre et d’apartheid.
Une audience finale est prévue en octobre à Istanbul, au cours de laquelle le jury rendra un verdict moral fondé sur l’ensemble des témoignages et des preuves.