Pour les réfugiés et les personnes vulnérables, la crise alimentaire s’aggrave au Cameroun, où le manque de financements contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire, voire à suspendre, son aide humanitaire dans plusieurs régions du pays.
Le PAM a alerté le 19 août que, faute de financement nécessaire, environ 500 000 réfugiés et personnes vulnérables risquent de se retrouver sans assistance alimentaire et nutritionnelle au Cameroun, dans les semaines à venir.
Pour maintenir son soutien vital entre août 2025 et janvier 2026, le PAM estime avoir besoin de 65,5 millions de dollars supplémentaires afin d’aider 240 000 personnes au Cameroun ayant fui les conflits
L’organisation onusienne a également signalé que plus de 200 000 enfants, femmes enceintes et mères allaitantes perdront l’accès à un appui nutritionnel indispensable, tandis que 60 000 élèves ne bénéficieront plus de repas scolaires, ce qui met en péril leur santé, leur éducation et leur avenir.
« Nous avons atteint un seuil critique », a déclaré Gianluca Ferrera, directeur pays du PAM au Cameroun. Selon lui, sans financement immédiat, des enfants souffriront de la faim, des familles seront fragilisées et des vies seront perdues. L’épuisement des ressources avait déjà forcé l’organisation onusienne, en juillet, à interrompre son aide à 26 000 réfugiés nigérians du camp de Minawao, dans le nord du pays. Dans le camp de Gado, à l’est du Cameroun, les réfugiés centrafricains ne reçoivent plus que la moitié de leurs besoins alimentaires quotidiens, ce qui pousse les familles à sauter des repas ou à vendre leurs maigres biens pour survivre.
En 2025, le PAM a fourni une assistance alimentaire essentielle à 523 000 personnes, en plus d’un soutien nutritionnel et de repas scolaires pour près de 300 000 femmes et enfants. Ceci a permis de stabiliser certaines communautés, d’améliorer les résultats scolaires et de freiner l’aggravation de la faim dans certaines des régions les plus fragiles du Cameroun. Mais avec l’actuel déficit de ressources, l’organisation onusienne prévient que « ces acquis seront réduits à néant ».
D’après les estimations du Cadre harmonisé d’analyse de la sécurité alimentaire réalisées en mars 2025, 2,6 millions de personnes risquent de souffrir d’insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2025, soit une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. Les régions de l’Extrême-Nord et du Nord-Ouest figurent parmi les plus touchées, concentrant la majorité de la population en situation d’insécurité alimentaire.