L’Iran a promis de prendre des mesures réciproques après l’expulsion de son ambassadeur par l’Australie, sur fond d’accusations d’antisémitisme.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié cette action de totalement inacceptable, affirmant que la discrimination religieuse n’a pas sa place dans la culture, l’histoire ou la foi de la nation iranienne.
Esmaïl Baghaï a fait ces remarques lors d’une conférence de presse tenue mardi 26 août, peu après que le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a fait une annonce en lien avec cette affaire.
Baghaï a fermement rejeté ces accusations et a promis des mesures réciproques vis-à-vis de toute action diplomatique jugée « inappropriée et injustifiable ».
« L’antisémitisme est un phénomène occidental »
Rejetant l’accusation d’antisémitisme compte tenu du contexte culturel, historique et religieux de l’Iran, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé que l’antisémitisme est principalement un phénomène occidental et européen. Il a souligné que l’histoire montre que la persécution des juifs en raison de leur foi est un problème profondément enraciné en Europe.
Il a précisé que les pays européens doivent assumer la responsabilité de leur passé historique, qui continue d’influencer les relations contemporaines.
Baghaï a interprété la décision de Canberra comme une tentative de justifier sa politique anti-iranienne, tout en cherchant à compenser les critiques anti-israéliennes récemment émises par certains responsables australiens, y compris le Premier ministre Albanese.
L’Europe n’est pas en mesure de mettre en œuvre le mécanisme de « snapback »
Dans ses déclarations, le porte-parole a réaffirmé la position de l’Iran, selon laquelle le trio européen constitué du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne n’avait ni légitimité légale ni morale pour inciter le Conseil de sécurité de l’ONU à rétablir les sanctions contre l’Iran.
Le trio européen a continuellement tenté de rétablir les restrictions en essayant d’activant le mécanisme de « snapback » prévu dans l’accord nucléaire de 2015, qui avait été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Baghaï a souligné que, selon la République islamique d’Iran, ces pays n’avaient « aucun droit » d’imposer le retour aux mesures coercitives. Néanmoins, il a indiqué que Téhéran était conscient des conséquences « défavorables » d’un éventuel retour des sanctions et qu’il déployait tous les efforts nécessaires pour éviter cette situation.
Il a précisé que dans le cadre de cette décision de Téhéran, une délégation diplomatique iranienne devrait rencontrer mardi les vice-ministres des Affaires étrangères des trois États européens à Genève.
Baghaï a noté que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s’était récemment entretenu avec ses homologues de plusieurs pays et avec la haute représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, tandis que des consultations avaient eu lieu avec des responsables de la Chine et de la Russie, membres du Conseil de sécurité de l’ONU, pour discuter de la situation actuelle. « Nous espérons que ces efforts porteront des résultats positifs et efficaces », a-t-il fait remarquer.
Baghaï a indiqué que l’Iran disposait d’un « plan clair » pour prévenir une telle éventualité ou en contenir les conséquences.
Il a en outre mis en garde contre les tentatives d’exploiter la situation dans le cadre d’une guerre psychologique contre le peuple iranien.
Rappelons qu’en 2018, les États-Unis s’étaient unilatéralement retirés de l’accord nucléaire — officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (PGAC) —, rétablissant dans la foulée une série de sanctions contre la République islamique d’Iran.
Le trio européen n’a pas seulement échoué à tenir sa promesse de faciliter le retour de Washington dans l’accord, mais a emboîté le pas aux Américains en réinstaurant ses propres sanctions économiques contre Téhéran.
Aujourd’hui, ces mêmes puissances tentent d’activer le mécanisme de « snapback », accusant l’Iran de diriger ses activités nucléaires pacifiques vers des fins militaires, et ce, malgré l’absence de toutes preuves valables. Ce dispositif permettrait de rétablir les sanctions avant l’échéance de l’accord de 2015 en octobre prochain.
Avec le soutien de Moscou et de Pékin, Téhéran dénonce cette décision européenne et la considère comme « non fondée ». L’Iran et ses alliés soulignent que le refus des Européens de respecter leurs propres engagements et leur alignement sur l’agression américaine de juin dernier contre des installations nucléaires pacifiques de l’Iran, ôtent toute légitimité à leur recours au mécanisme de « snapback ».
« L’Iran n’a jamais quitté la table des négociations »
Esmaïl Baghaï a souligné que si l’Iran s’était engagé dans les négociations avec les Européens, c’était parce qu’ils se sont montrés plus favorables au dialogue — contrairement aux États-Unis, qui changent constamment de position et trahissent ouvertement les processus diplomatiques. « Nous avons clairement montré que nous sommes favorables aux négociations », a-t-il affirmé.
Selon lui, Washington est même allé jusqu’à attaquer les sites nucléaires iraniens après avoir échoué à faire avancer ses propres intérêts par la voie diplomatique.
« Les États-Unis n’ont ménagé aucun effort pour perturber divers processus diplomatiques », a-t-il dénoncé.
Il a ajouté : « Personne ne peut réprimander la République islamique d’Iran pour s’être éloignée des négociations dans ces conditions ».
L’Iran définit une nouvelle approche avec l’AIEA
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a évoqué l’interaction entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), affirmant que la coopération « reste en place ».
« Nous sommes en train de formuler un nouveau plan et de définir une nouvelle approche de travail avec l’organisme onusien de surveillance nucléaire », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que l’Iran demeure membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et reste « déterminé à mettre en œuvre l’accord conclu avec l’AIEA.
À titre d’exemple, Baghaï a évoqué la réunion tenue récemment à Vienne entre des représentants de l’AIEA et des responsables iraniens. Cette réunion faisait suite aux consultations organisées deux semaines plus tôt à Téhéran, consacrées à l’élaboration d’un “cadre commun d’interaction et de coopération”.