Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a prononcé un discours ce samedi 6 septembre à la conférence nationale sur les « Capacités et opportunités d’investissement dans les zones de libre-échange et commerciales d’Iran ».
Faisant référence à la zone de libre-échange de Shenzhen en Chine, le chef de la diplomatie iranienne a déclaré : « Shenzhen était un tout petit village dont la principale occupation était la pêche. Suite aux pressions et restrictions internationales, la Chine a transformé ce village en zone de libre-échange, et Shenzhen est aujourd’hui l’un des pôles technologiques et commerciaux mondiaux. »
« Aujourd’hui, nous sommes également confrontés à des pressions et des restrictions internationales, mais nous disposons de capacités uniques qui, si elles sont utilisées à bon escient, peuvent façonner un avenir différent pour nous. L’histoire nous a montré que les nations qui, dans les circonstances les plus difficiles, ont innové et choisi de prendre l’initiative, ont su ouvrir la voie au développement et aller de l’avant », a noté le premier diplomate iranien.
« La première condition pour avancer est d’avoir un regard franc sur les réalités actuelles. Nous nous trouvons dans une situation où notre pays est confronté à des sanctions multiples, très complexes et généralisées, qui ont eu des impacts sur l’économie, le commerce extérieur et la vie de notre peuple, et ce fait est indéniable. Dans le même temps, nous ne devons pas nous faire une image apocalyptique des sanctions, comme si nous étions arrivés à un point où nous n’avons plus le choix et devons simplement capituler. C’est totalement faux. Ceux qui nous ont imposé des sanctions ont affirmé avoir l’intention de paralyser l’Iran. L’appellation qu’ils avaient choisie était “sanctions paralysantes”, dans l’espoir de paralyser le pays. »
Dans une autre partie de son discours, il s’est penché sur la levée des sanctions, affirmant qu’elle devait naturellement se faire par le biais du dialogue et de la négociation.
« Le point qui mérite réflexion est que nous avons toujours été très sérieux quant aux négociations sur la levée des sanctions. Au sein du nouveau gouvernement, comme sous les gouvernements précédents, nous avons planifié et déployé des efforts, et les négociations ont finalement commencé. Comme vous l’avez constaté, nous avons mené cinq cycles de négociations et avions fixé une date pour le sixième. Mais deux jours avant cette date, le régime sioniste a lancé une attaque militaire contre l’Iran, à laquelle les États-Unis se sont joints », a précisé M. Araghchi avant d’ajouter : « Nous devons tous noter qu’après cette guerre lâche qui nous a été imposée et après la défense héroïque menée par la nation iranienne et nos forces armées, les négociations prendront naturellement une forme différente de celle d’avant la guerre. »
« La situation a changé. Je ne dis pas que les négociations ont été retirées de l’ordre du jour, mais elles revêtent assurément de nouvelles formes et dimensions, et il y a assurément de nouvelles préoccupations et de nouveaux éléments que nous devons identifier et prendre en compte. Nous négocions différemment de l’avant-guerre ; nous devons négocier avec des modalités et une planification différentes, et malgré toutes les inquiétudes et préoccupations existantes, nous devons négocier », a-t-il renchéri.
Concernant les relations entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le ministre a souligné : « Nos relations avec l’Agence sont naturellement devenues tumultueuses après l’attaque ; ce qui est tout à fait normal. Nos installations nucléaires ont été attaquées, et notre coopération avec l’Agence ne peut naturellement plus être la même qu’avant. Nous avons besoin d’un nouveau cadre de coopération. »
« Aujourd’hui, mes collègues à Vienne ont poursuivi les négociations afin de parvenir à un nouveau cadre. À ma connaissance, elles ont été très fructueuses. Nous sommes très proches de parvenir à un accord sur un nouveau cadre de coopération avec l’Agence. Sur cette base, conformément à la loi du Parlement et au cadre juridique approuvé par celui-ci, ainsi qu’aux réalités du terrain et aux changements intervenus, nous pouvons entamer un nouveau cycle de coopération avec l’Agence, qui tiendra compte de toutes les préoccupations spécifiquement mentionnées par le Parlement. »
En ce qui concerne les pourparlers avec les trois pays européens, (l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni), il a affirmé : « Nos négociations avec la troïka européenne se poursuivent. J’ai eu plusieurs conversations téléphoniques avec les ministres des Affaires étrangères de l’E3. Il y a deux jours, j’ai eu un face-à-face de plus de deux heures avec Mme Kallas, la cheffe de la politique étrangère de l’Union européenne, à Doha, au Qatar, et une meilleure compréhension de la situation commence à se faire jour. »
Le diplomate iranien a estimé que l’E3 avait commis une grave erreur en ayant recours au mécanisme dit de « Snapback ». « Les pays européens ont commis une grave erreur et ont rendu le travail plus difficile et plus compliqué. Nos discussions avec eux se poursuivent et j’espère que nous parviendrons à une compréhension commune. »
« Nos messages sont échangés avec les États-Unis par l’intermédiaire de parties tierces. Le jour où les Américains seront prêts à négocier sur la base d’intérêts et de respect mutuels, nous reprendrons les négociations », a ponctué le patron de la diplomatie iranienne.