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L'Iran déclare que l'ensemble des matières nucléaires est sous les décombres des sites bombardés et rejette l'accès sans limite de l'AIEA

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi s'exprime lors d'une émission télévisée, le jeudi 11 septembre 2025.

L'Iran a affirmé que l'ensemble des matières nucléaires demeurait sous les décombres d'installations endommagées par les bombardements israélo-américains lors de la guerre des 12 jours, soulignant que toute inspection de l'ONU doit suivre de nouvelles règles. Il a également rejeté les demandes des pays occidentaux d'y avoir un accès sans restriction, dans un contexte de tensions diplomatiques persistantes. 

« L'ensemble de notre matière est (...) sous les décombres des installations bombardées », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, lors d'une émission télévisée, jeudi soir.

Il a ajouté que l'Organisation iranienne de l'énergie atomique évaluait l'état et l'accessibilité de cette matière afin de soumettre un rapport sur la situation au Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran. 

Il a également indiqué que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait reconnu que les conditions actuelles étaient différentes de celles du passé et que la coopération de l'Iran avec l'agence « ne peut être comme avant ».

Mardi, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, ont signé un accord sur les modalités pratiques pour la reprise des inspections en Iran, à l'issue d'une réunion de trois heures au Caire, capitale égyptienne.

Cet accord fait suite à plusieurs mois de suspension de coopération. Téhéran a suspendu l'accès des inspecteurs de l'AIEA après une agression militaire de 12 jours menée par Israël et les États-Unis contre ses installations nucléaires en juin dernier. 

À la suite de cette agression non provoquée, le Parlement iranien a adopté une loi interdisant le retour des inspecteurs sans garanties pour la protection des sites nucléaires iraniens.

M. Araghchi a ajouté que l'AIEA avait reconnu que les attaques contre les sites nucléaires iraniens étaient inacceptables et que la coopération devait désormais suivre un nouveau cadre conforme à la loi adoptée au Parlement iranien et aux décisions du Conseil suprême de la sécurité nationale.

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Araghchi a précisé qu'aucune inspection n'est actuellement autorisée sur les sites endommagés afin de permettre la remise en état de l'environnement et que les inspections futures devraient précédées de nouvelles négociations et obtenir l'approbation du Conseil suprême de sécurité nationale.

Araghchi a également évoqué les divergences entre son récit et celui de Grossi après la signature de l'accord au Caire.

Rafael Grossi a déclaré que le nouvel accord « envisage l'accès à toutes les installations en Iran », tandis que M. Araghchi a réitéré qu'aucun accès de ce type n'a encore été accordé, précisant que les discussions futures détermineraient la nature et le calendrier de toute coopération.

« Dans chaque accord, chaque partie a sa propre version des faits. M. Grossi doit rendre compte au Conseil des gouverneurs d'une manière qui les satisfasse. Il présente sa version, qui peut différer de la nôtre, mais le texte de l'accord reste le même », a déclaré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères.

Au Caire, M. Araghchi avait clairement indiqué que « l’accès n’est autorisé que dans le cas de la centrale nucléaire de Bouchehr, et uniquement en raison de son processus de remplacement du combustible — une décision déjà approuvée par le Conseil suprême de sécurité nationale ».

Le ministre a réaffirmé que toutes les décisions concernant la coopération, les inspections et le partage d’informations avec l’AIEA relèvent de l’autorité exclusive du Conseil suprême de sécurité nationale, garantissant que les anciens griefs concernant l'espionnage et l'accès unilatéral de l'agence ne se reproduiront pas.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions accrues, liées aux attaques de sabotage sur les sites nucléaires iraniens, que l'Iran a imputées à Israël.

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Ces attaques ont compliqué les relations déjà fragiles entre Téhéran et les puissances occidentales, notamment au sujet du programme nucléaire iranien et de l'avenir du Plan global d'action commun de 2015 (PGAC).

Araghchi a déclaré que tous les efforts diplomatiques sont menés en pleine coordination avec les autorités compétentes et conformément aux mandats définis. Il a ajouté que Téhéran ne compromettrait pas sa sécurité nationale ni ne se laisserait influencer par des pressions extérieures.

« Nous ne renoncerons jamais à défendre les droits et la sécurité du peuple », a-t-il déclaré. « Nous ne sommes pas influencés par la propagande, et nous agirons avec force et stabilité pour protéger les intérêts du peuple iranien. »

M. Araghchi a rejeté les conditions posées par la troïka européenne — la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni — pour la prolongation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qualifiant ces termes d'« irréalistes » et incompatibles avec les intérêts nationaux de l'Iran.

« À un moment donné, ils ont proposé certaines conditions selon lesquelles, si elles étaient remplies, ledit mécanisme serait prolongé et, selon leurs termes, une nouvelle opportunité diplomatique serait créée », a-t-il déclaré. « Mais nous n'avons jamais accepté ces conditions. En fait, nous ne leur reconnaissons aucun droit de ce type. Leurs conditions n'étaient ni réalistes ni raisonnables, et elles ne correspondaient pas à nos intérêts nationaux. »

La résolution 2231, adoptée en 2015, a approuvé le PGAC (accord sur le nucléaire iranien) et a fixé un calendrier pour la levée des sanctions internationales en échange de limitations du programme nucléaire iranien. Le mécanisme dit de « snapback » permet la réimposition des sanctions de l'ONU en cas de non-respect significatif de l'accord par l'Iran.

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Le diplomate iranien a souligné que la coopération de l'Iran avec l'AIEA est une affaire complètement distincte et n'est pas liée aux conditions européennes.

« Avant même qu’ils ne proposent ces conditions, nous avions déjà commencé nos consultations avec l’Agence », a déclaré Araghchi.

Il a ajouté que malgré les attaques contre les installations nucléaires iraniennes, la coopération avec l'AIEA comporte à la fois des avantages stratégiques et des obligations juridiques pour l'Iran.

« Bien que des événements et des attaques se soient produits et que nos installations nucléaires aient été bombardées, la coopération avec l’Agence nous apporte des avantages et comporte également des obligations », a-t-il déclaré.

« En tant que membre engagé du Traité de non-prolifération, nous sommes tenus de respecter les exigences internationales tant que nous restons dans l’accord. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV