La dégradation de la note de la France par l’agence de notation Fitch n'est pas allée non sans provoquer des réactions politiques différentes. Si Marine Le Pen (RN) a fustigé « l’incompétence toxique» du macronisme, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pour sa part appelé à «en finir avec la Macronie et ses politiques nuisibles ».
La note souveraine française a été abaissée vendredi soir par l'agence de notation Fitch. Elle est passée de AA- à A+. La France se voit sanctionnée pour son instabilité politique persistante, couplée à des incertitudes budgétaires qui contrarient l'assainissement des comptes publics très dégradés.
« Bayrou a provoqué la note Fitch en dévalorisant la France comme Premier ministre pendant 15 jours. Il faut en finir avec la Macronie et ses politiques nuisibles pour la France et son peuple », a lancé ce 13 septembre sur X le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon.
Un message faisant référence aux multiples interventions alarmistes de François Bayrou, au cours de l’été, sur l’état des finances publiques.
Une vingtaine de minutes avant Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national avait déploré sur X « l’incompétence toxique » du macronisme, qui selon elle « a été soigneusement maquillée par le système sous les apparences d’une arrogante expertise pour mieux ruiner la France et empêcher le Rassemblement national de redresser notre pays ».
« Il ne faut pas changer de méthode mais rompre avec le macronisme», a réagi Marine Le Pen, pour qui la France « n’a plus de temps à perdre avec des politiciens prisonniers de leur propre lâcheté, qui n’ont rien à proposer d’autre que le matraquage fiscal, le sacrifice des acquis sociaux et les coups de rabot pour éponger leur incurie budgétaire ».
De son côté, Éric Ciotti, président de l’Union des droites pour la République (UDR) a regretté « une véritable humiliation pour le pays », pointant du doigt « le résultat désastreux de 13 ans de hollando-macronisme ».
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L’abaissement de la note de la dette française a fait aussi réagir les pro-Macron. « Le Mozart de la Finance a encore frappé ! », a raillé Florian Philippot (Les Patriotes), toujours sur le réseau social X. Et de ponctuer son message par un tonitruant « Dehors ! ».
Une dégradation qui survient « quatre jours après le départ de Bayrou », souligne de son côté François Asselineau. « Cela conforte mon hypothèse qu'il ait pu sciemment se faire chasser du gouvernement avant la note de Fitch, pour ne pas porter la honte d'avoir mis la France en faillite », a ajouté le président de l'Union populaire républicaine (UPR), pointant également du doigt Emmanuel Macron comme « responsable n°1 ».
Pour le maire de Cannes, David Lisnard, « c’est la confirmation d’une réalité financière et budgétaire déjà anticipée par les marchés (et par François Bayrou, qui a préféré saborder son gouvernement avant que ne tombe le couperet) ». « Pour retrouver le triple A, il faudra en finir avec le triple S : Socialisme, Sur-réglementation, Spoliation fiscale », a-t-il dit.
Le ministre démissionnaire de l’intérieur et président des Républicains (LR), Bruno Retailleau, a dénoncé « des décennies d’errance budgétaire » et rejeté les propositions du Parti socialiste (PS) pour réduire les déficits.
« Il est plus que temps de redresser la barre. Ce que proposent les socialistes ne fera que tout aggraver », a ajouté Bruno Retailleau, alors que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, espère un terrain d’entente avec le PS pour faire passer le budget 2026 à l’Assemblée nationale, où il n’a pas de majorité.
« Note Fitch : un pays que ses "élites" conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix », a également posté sur X… François Bayrou.
La dégradation de la France n'est pas vraiment une surprise pour les analystes. En 2024, le pays européen a enregistré un déficit public à 5,8% du PIB, soit le plus élevé de la zone euro. C'est assez nettement plus que l'Italie, à 3,4%, ou que l'Allemagne, qui affiche 2,8%. Au total, on observe que sept pays de l'UE ont conservé un déficit public sous la barre des 3%. Certains sont même parvenus à présenter un excédent budgétaire. Ce fut le cas de la Grèce, du Portugal ou bien encore de l'Irlande.