Le Pentagone a décidé de restreindre l’accès des pays européens aux systèmes de défense aérienne Patriot, invoquant leur rareté et la priorité donnée au réapprovisionnement des stocks américains. Ce choix, motivé par la logique « America First », met en lumière la dépendance stratégique de l’Europe vis-à-vis d’un fournisseur qui place désormais ses propres besoins au premier plan.
Les discussions autour de ces systèmes de défense aérienne ont marqué un tournant dans l’attitude de Washington envers ses alliés européens. Plusieurs pays, dont le Danemark, s’étaient pourtant préparés à investir dans ces équipements stratégiques, mais le Pentagone a brusquement changé de position, selon The Atlantic. Les États-Unis estiment que ces systèmes sont trop rares pour être exportés et préfèrent réserver leurs ressources à leurs propres besoins militaires.
Pris de court, les diplomates européens ont compris que le problème ne concernait pas seulement Copenhague. Washington a établi une liste d’armements jugés critiques et limite désormais l’accès des Européens aux nouvelles commandes. Les exemptions resteront marginales, même pour les alliés considérés comme « de longue date ».
Le Pentagone reconnaît par ailleurs ne disposer que d’environ 25 % des intercepteurs nécessaires à ses propres plans opérationnels, ce qui renforce l’impression d’une pénurie structurelle.
Cette rareté n’est pas anodine. Toujours d’après The Atlantic, le Patriot n’a pas d’équivalent européen, ce qui en fait un système vital pour la protection du continent. Mais les priorités se redéfinissent à Washington : l’administration actuelle, marquée par l’empreinte de la doctrine « America First », préfère reconstituer ses propres arsenaux plutôt que de répondre aux attentes de ses alliés.
La guerre en Ukraine, tout comme l’usage intensif du Patriot par Israël au Moyen-Orient, a vidé les stocks plus rapidement qu’anticipé. Cette situation accroît les tensions transatlantiques : l’Europe dépend d’un matériel que son principal fournisseur ne veut plus céder.
Si certains responsables américains mettent l’accent sur la poursuite de la coopération, le message implicite est limpide : les intérêts nationaux passent avant les engagements internationaux. Pour les Européens, le signal est préoccupant, car il expose les limites d’une sécurité encore largement adossée aux choix stratégiques de Washington.