Après la Jordanie, Oman et plus récemment Bahreïn, c’est désormais au tour du Koweït de voir Carrefour quitter définitivement son marché, décision actée mardi. Ce retrait intervient dans un contexte de forte mobilisation populaire et institutionnelle contre les entreprises soutenant Israël, sur fond de guerre meurtrière à Gaza.
En parallèle, Carrefour a également cédé ses opérations en Italie pour près d’un milliard de dollars, après avoir enregistré des pertes importantes en 2024. Ce mouvement de désengagement illustre l’impact grandissant des campagnes de boycott (BDS) sur les grandes enseignes internationales dans un climat de tension mondiale.
Le Comité National Palestinien BDS, la plus grande coalition palestinienne à la tête du mouvement mondial « Boycott, désinvestissement et sanctions » a annoncé, ce lundi, le succès de sa campagne contre la chaîne de magasins française Carrefour, affirmant que la pression populaire massive et les campagnes de terrain et numériques continues ont contraint l’entreprise à se retirer complètement des marchés bahreïni et koweïtien.
Dans un communiqué, le mouvement a déclaré que Carrefour au Bahreïn et au Koweït, géré par le groupe émirati Majid Al Futtaim, avait mis fin à ses activités après d’importantes pertes financières et de graves atteintes à sa réputation. La campagne s’inscrit dans le cadre de la dénonciation de la complicité du groupe français avec les crimes de colonisation israélienne et de génocide contre le peuple palestinien.
Le communiqué précise que la campagne mondiale de boycott de Carrefour a été lancée en décembre 2022, après que la participation des filiales israéliennes de l’entreprise dans le soutien direct à l’armée israélienne ait été révélée — notamment via des colis cadeaux, paniers alimentaires et campagnes de dons destinées aux soldats de l’occupation.
Il est aussi indiqué que Carrefour Israël a signé des accords avec des entreprises technologiques et des banques israéliennes impliquées dans des crimes de guerre contre le peuple palestinien, renforçant ainsi les appels au boycott international et arabe.
Selon le communiqué, la campagne #Boycottons_Carrefour a vu, au cours des deux dernières années, des manifestations devant les magasins, des lettres de protestation, la création de comités populaires, des concours artistiques, en plus de tentatives de répression dans certains pays pour étouffer ces activités. Le tout accompagné de larges campagnes numériques.
Le communiqué souligne que les bénéfices nets du groupe Carrefour en France ont chuté de 50 % en 2024 par rapport à 2023. De même, le rapport de son partenaire régional, Majid Al Futtaim, fait état d’une baisse de 47 % des bénéfices du secteur de la grande distribution, due à la perte de confiance des consommateurs à cause des campagnes populaires dans des pays comme la Jordanie, le Maroc, l’Égypte, la Tunisie, le Bahreïn, le Koweït et même les Émirats arabes unis.
Le communiqué ajoute que plusieurs magasins Carrefour ont dû fermer depuis le début de la campagne, menant à des décisions de retrait complet, d’abord en Jordanie, puis en Oman, et plus récemment au Bahreïn et au Koweït, preuve de l’impact cumulatif des campagnes populaires de boycott.
Le mouvement souligne que cet accomplissement s’ajoute aux succès croissants contre d’autres marques comme McDonald’s, et représente une étape supplémentaire dans la pression exercée sur les entreprises complices des crimes israéliens telles que AXA, HP, Chevron et Intel.
La campagne BDS a exprimé sa gratitude à ses partenaires au Bahreïn et au Koweït, ainsi qu’aux peuples bahreïni et koweïtien frères pour leur contribution à cette réussite, en affirmant qu’elle vise désormais à intensifier les efforts pour pousser les partenaires régionaux de Carrefour — Majid Al Futtaim aux Émirats et Label’Vie au Maroc — à rompre complètement leurs liens avec le groupe français.
Elle a également renouvelé son appel à boycotter tous les magasins portant la marque Carrefour ou vendant ses produits, jusqu’à ce que les partenaires arabes annoncent la fin de leur relation avec le groupe français, ajoutant que le lien avec Carrefour n’est plus seulement financier, mais implique une responsabilité morale et juridique.
Le communiqué conclut en appelant à intensifier le boycott de Carrefour partout dans le monde, afin de la contraindre à cesser sa complicité dans les crimes contre le peuple palestinien.
