Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a vivement critiqué les trois signataires européens de l’accord nucléaire de 2015, les accusant d’agir « illégalement et de manière irresponsable » en cherchant à réactiver les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre l’Iran par le mécanisme de « snapback ».
Lors d’un entretien avec son homologue britannique, Yvette Cooper, jeudi, à New York, M. Araghchi a indiqué que les puissances européennes n’avaient aucune justification pour faire rétablir des sanctions précédemment annulées.
M. Araghchi « a vigoureusement critiqué la position des trois pays européens dans le dossier nucléaire iranien, la qualifiant de non justifiée, illégale et irresponsable ».
Cette démarche fait partie d’une stratégie à long terme pour priver le peuple iranien de ses droits légitimes en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a estimé le chef de la diplomatie iranienne, pour qui, cette insistance à réactiver ces résolutions est non seulement juridiquement infondée, mais aussi une trahison de la diplomatie.
M. Araghchi a dressé un bref bilan des agissements de l’Occident au cours des dix dernières années pour indiquer que la stratégie suivie par la troïka européenne a constamment porté atteinte aux droits de l’Iran et que cette approche destructrice avait atteint son paroxysme avec les attaques arbitraires des États-Unis et du régime sioniste contre les installations nucléaires pacifiques de l’Iran. Attaques face auxquelles les trois pays européens ont observé un « silence complice ».
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Le 28 août, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, en tant que signataires de l’accord nucléaire de 2015, connu sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC), ont informé le Conseil de sécurité de l’ONU qu’elles avaient activé le mécanisme dit de « snapback », un processus de 30 jours visant à rétablir toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran, sous prétexte de non-respect de l’accord par l’Iran.
Cette décision a fait suite au vote du vendredi 19 septembre du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a rejeté un projet de résolution visant à lever définitivement les sanctions liées au nucléaire. À moins qu’un nouvel accord ne soit trouvé, les sanctions seront automatiquement réimposées d’ici le 28 septembre.
M. Araghchi a averti que les conséquences de l’activation de cette approche destructrice seraient imprévisibles et que la responsabilité en incomberait entièrement à ses initiateurs et à ses partisans.
Il a aussi rappelé les nombreuses propositions et initiatives de l’Iran pour maintenir la voie de la diplomatie et prévenir les tensions.
« La décision des trois pays européens d’activer le mécanisme connu sous le nom de « réactivation des sanctions » (rollback) s’inscrit fondamentalement dans la politique inhumaine de pression maximale du gouvernement américain, et cela équivaut à la participation des trois pays européens à une voie d’intimidation et de chaos », a-t-il dénoncé.
Il a également souligné que ni les sanctions, ni les attaques militaires, ni la pression diplomatique ne pourraient détourner une nation qui a décidé de préserver son indépendance et sa dignité.
Ce vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU devrait se réunir pour réexaminer le programme nucléaire iranien, la Chine et la Russie plaidant pour la poursuite des négociations diplomatiques.
La Chine et la Russie devraient présenter un projet de résolution visant à prolonger les discussions de six mois supplémentaires. Le projet de résolution, en référence aux États-Unis, appellerait toutes les parties initiales à l’accord à « reprendre immédiatement les négociations ».
Cependant, les diplomates restent sceptiques quant à la probabilité d’obtenir un soutien suffisant pour cette résolution au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.