Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que la guerre menée par les États-Unis depuis deux décennies est à l’origine des crises actuelles en Afghanistan, avertissant que le retour de troupes étrangères dans ce pays est une « menace pour la paix et la sécurité régionales ».
« L’intervention des États-Unis et leurs deux décennies de présence militaire en Afghanistan n’ont apporté que désastre et insécurité », a-t-il déclaré, jeudi 25 septembre, lors d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères chinois, pakistanais et russe sur l’Afghanistan.
La guerre américaine, a-t-il ajouté, a fait d’« innombrables » victimes, alimenté le terrorisme, la production de drogue, la corruption et la pauvreté dans ce pays et provoqué le déplacement de sa population.
Évoquant le retrait chaotique des États-Unis en 2021, le ministre iranien a déclaré que l’Afghanistan et ses voisins ont affronté seuls les retombées de la guerre américaine.
« Les États-Unis et l’OTAN sont responsables de nombreux défis auxquels l’Afghanistan et la région sont confrontés aujourd’hui », a-t-il souligné.
Ailleurs dans ses remarques, le chef de la diplomatie iranienne a souligné que l’Iran rejetait fermement toute forme d’intervention politique ou militaire étrangère en Afghanistan, ainsi que toute tentative d’exploiter les problèmes de ce pays à des fins géopolitiques.
« Le rétablissement de bases militaires étrangères en Afghanistan ou à proximité violerait sa souveraineté, constituerait une menace pour la paix et la sécurité régionales et alimenterait l’extrémisme et l’instabilité », a-t-il déclaré.
Ces propos interviennent alors que le président américain Donald Trump a menacé les talibans de « choses graves » en cas de non-restitution de la base aérienne de Bagram quittée par l’armée des États-Unis en 2021.
Exprimant la profonde préoccupation de Téhéran face à la dégradation de la situation humanitaire en Afghanistan, M. Araghchi a souligné que l’aide humanitaire devait être fournie de manière neutre, apolitique et sans entrave.
Il a appelé à la libération inconditionnelle des avoirs afghans gelés à l’étranger afin de rétablir la stabilité économique du pays et améliorer la condition de vie du peuple afghan.
Initiée par la Russie, la réunion s’est tenue jeudi à New York en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies. Elle marquait le quatrième cycle de discussions quadrilatérales sur l’Afghanistan réunissant les ministres des Affaires étrangères de la Chine, de l’Iran, du Pakistan et de la Russie.
Dans une déclaration commune, les quatre ministres ont réaffirmé leur soutien à l’Afghanistan en tant que pays indépendant, uni et stable, à l’abri du terrorisme, de la guerre et du trafic de drogue.
Les ministres ont exhorté les membres de l’OTAN à assumer la responsabilité des répercussions de leur présence militaire en Afghanistan. Ils ont appelé à la levée des sanctions unilatérales, à la restitution des avoirs afghans gelés et à éviter toute réinstallation de bases militaires étrangères à l’intérieur ou autour du pays.
Les quatre hommes ont également exprimé leur profonde préoccupation face à la présence de groupes terroristes en Afghanistan, dont Daech, avant d’avertir que ces groupes représentent de graves menaces pour la sécurité régionale et mondiale.
La déclaration a également exhorté le gouvernement taliban à prendre des « mesures efficaces et vérifiables » pour lutter contre le terrorisme et éliminer tous les groupes terroristes.