Ces dernières semaines, la Belgique est le théâtre de manifestations d'envergure en soutien à la population de Gaza. Certaines manifestations, dont celles organisées ce jeudi 3 octobre à Bruxelles, ont été violemment réprimées par la police belge. Amnesty International réclame une enquête sur les violences policières lors d'une manifestation à Bruxelles contre l'interception par Israël de la flottille Global Sumud.
Une manifestation en faveur de la Palestine, organisée par le collectif « Coordination Résistances », a eu lieu samedi après-midi dans les rues de Liège, en Belgique.
Le cortège d'environ 2500 personnes s'est élancé dans le calme depuis le Centre de ressources du B3 situé dans le quartier de Bavière aux alentours de 14h15. Les manifestants ont ensuite pris la direction du quartier d'Outre-Meuse, en agitant des drapeaux palestiniens et en scandant des slogans de résistance.
« Depuis deux ans le régime israélien commet un génocide à Gaza, avec, sur une population de 2,2 millions d'habitants, plus de 63 000 Palestiniens assassinés, une famine organisée, des bombardements sur des hôpitaux, des journalistes exécutés », dénonce le collectif.
« Ce génocide est commis en direct sous les yeux du monde entier. Malgré cela, les USA renforcent leur soutien inconditionnel en finançant et en armant Israël. Avec la complicité de l'Union européenne et du gouvernement belge, qui s'alignent sur cette politique criminelle et se rendent complices de génocide », ajoute-t-il.
Par cette action, le collectif explique soutenir le peuple palestinien dans « sa lutte contre le génocide et la colonisation ». Il exige des autorités compétentes qu'elles prennent des mesures afin d'obtenir, entre autres: le retrait des troupes armées, des sanctions contre le régime d'Israël ou encore son boycott économique, diplomatique, culturel, académique et sportif.
Les manifestations pro-palestiniennes sont généralement réprimées par la police belge. Du passage à tabac aux arrestations, en passant par le recours au gaz lacrymogène et au canon à eau. Les manifestants demandent liberté d'expression et justice.
Jeudi soir, une manifestation en soutien à la flottille humanitaire pour Gaza organisée à Bruxelles a dégénéré, menant à des violences et à l'arrestation judiciaire de quatre personnes. Vendredi, plusieurs témoignages dénonçant les violences policières ont apparu sur les réseaux sociaux.
Tout cela a fait réagir Amnesty International qui réclame une enquête.
« Amnesty International exige qu'une enquête soit menée quant à la décision qui a été prise de disperser les manifestations et à la force policière qui a été utilisée. » L'organisation appelle la police bruxelloise « à respecter le droit international et le droit de manifester lors des prochaines manifestations, notamment celles prévues » vendredi, « y compris l'obligation de faciliter les manifestations pacifiques et d'agir de manière à désamorcer les tensions dans le cadre du maintien de l'ordre ».
D'après BX1, différents groupes de manifestants se sont déplacés dans les rues de Bruxelles jeudi soir. Pour les disperser, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et d'un canon à eau. Toujours selon la chaîne de télévision régionale, plusieurs personnes auraient été admises aux urgences dont l'une « avec une blessure à la tête après avoir été frappé par un policier et son bouclier ». L'agence Belga a pu constater qu'une poursuite dans le centre-ville a fait des blessés.
La police, elle, a constaté « des tags apposés, des projectiles lancés sur ses services et des panneaux de signalisation détruits ».
La police a affirmé que l'ordre de disperser la manifestation place du Luxembourg émanait du bourgmestre d'Ixelles, car celle-ci n'avait pas été autorisée. Une raison qui ne satisfait pas « aux exigences minimales pour procéder à la dispersion d'une manifestation, et encore moins pour recourir à la force policière », estime Amnesty International.
« Il est en effet prévu par les règlements de police qu'une autorisation doit être délivrée par un bourgmestre pour qu'une manifestation ait lieu, mais c'est contraire au droit international. Quoi qu'il en soit, le non-respect de cette autorisation ne justifie en aucun cas la dispersion violente d'une manifestation pacifique. La légitimité de la décision de mettre fin à la manifestation place du Luxembourg est donc très discutable. La tâche première des forces de l'ordre lors de manifestations pacifiques est de veiller à ce que le droit de manifester puisse être exercé en toute sécurité et liberté », explique Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d'Amnesty International.
« Les normes internationales sur l'usage de la force policière pour mettre fin à une manifestation sont claires : tout recours à la force par la police doit respecter les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et de non-discrimination. Sur la base des éléments dont nous disposons aujourd'hui, il y a de sérieuses raisons de penser que le déploiement de toute cette force repose sur une décision illégitime de disperser une manifestation pacifique. Si c'est le cas, le recours à la force dont nous avons été témoins doit donc être considéré comme inutile et illégal, et doit donc faire l'objet d'une enquête. De plus, les moyens qui ont été utilisés semblent tout à fait disproportionnés », précise Carine Thibaut.