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L’Iran appelle les pays du monde à ne pas se conformer au rétablissement des sanctions

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Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, Téhéran, le lundi 6 octobre 2025. ©Jamaran

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a vivement dénoncé la décision de la troïka européenne — Allemagne, France et Royaume-Uni — visant à rétablir les sanctions des Nations Unies dans le cadre du mécanisme de retour automatique des sanctions, dit snapback, exhortant les pays du monde à ne pas se conformer à cette initiative.

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, qui s’est tenue ce lundi 6 octobre à Téhéran, Esmaïl Baghaï a déclaré que la démarche de la troïka européenne découlait d’une obstination et s’inscrivait dans la mise en œuvre des ordres américains plutôt que dans une évaluation rationnelle.

Il a ajouté que les trois États européens avaient rétabli les sanctions à l’encontre de la République islamique d’Iran sans tenir compte de leurs propres intérêts, de leurs préoccupations, ni de leur crédibilité en tant que parties à l’accord nucléaire de 2015, connu officiellement sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC).

« Conformément aux principes de la Charte des Nations Unies, nous attendons des pays qu’ils s’abstiennent de se conformer à la décision de la troïka européenne, considérée comme une forme d’imposition à la structure du Conseil de sécurité », a souligné M. Baghaï.

Il a affirmé que cette décision illégale de l’E3 avait provoqué une forme de confusion juridique, sans créer d’obligation pour les États membres.

Dans ce droit fil, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a condamné l’attitude « irresponsable et destructrice » des trois pays européens concernant la question nucléaire iranienne, déclarant qu’ils avaient abusé du snapback prévu par le PGAC.

Faisant référence aux propos des Européens selon lesquels la fenêtre de la diplomatie est toujours ouverte pour résoudre le dossier nucléaire iranien, il a indiqué que Téhéran partage la même idée ; la voie de la diplomatie n’a jamais été fermée.

« Nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour défendre les intérêts nationaux de notre pays, et dès que nous jugions que la diplomatie peut être efficace et fructueuse, nous n’hésiterons pas à y recourir », a-t-il déclaré.

Le 19 septembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies n’a pas réussi à adopter une résolution visant à empêcher la réimposition des sanctions contre l’Iran après l’activation du snapback par l’E3.

Téhéran a qualifié cette initiative d’« illégitime », rappelant que les États-Unis s’étaient retirés unilatéralement du PGAC en 2018. L’Iran a également accusé les trois pays européens de s’aligner sur des sanctions illégales au lieu de respecter leurs propres engagements.

Au cours de cette conférence de presse, le porte-parole de la diplomatie iranienne a été interrogé sur les perspectives d’interaction future avec le trio européen.

« Nous n’avons actuellement aucun plan de négociation avec les Européens », a-t-il indiqué, avant d’expliquer que l’attention de Téhéran est désormais centrée sur l’évaluation des effets et des conséquences de cette décision prise par la troïka européenne et les États-Unis.

« Une fois que nous aurons jugée bénéfique une voie diplomatique, nous déciderons, en conséquence, des intérêts et du bien du pays », a-t-il réaffirmé.

En ce qui concerne les attaques israélo-américaines menées en juin 2025 contre les installations nucléaires iraniennes, M. Baghaï a indiqué que Tel-Aviv et Washington portaient la responsabilité principale de ces attaques. Il a également évoqué le rôle du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans ces actes d’agression, affirmant combien cela avait ouvert le terrain à de nouveaux abus du dossier nucléaire.

Il a par ailleurs exprimé l’espoir que les événements des deux à trois derniers mois pourront servir de leçon à toutes les parties concernées, y compris aux responsables de l’AIEA, afin qu’ils fassent preuve de plus de prudence dans leurs prises de position.

En juin 2025, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA avait approuvé une résolution accusant l’Iran de ne pas se conformer à ses obligations ; une résolution soumise conjointement par les États-Unis et l’E3.

Le porte-parole a également déclaré qu’avant le début de la guerre imposée de 12 jours, l’Iran avait averti à plusieurs reprises que toute utilisation abusive de l’espace aérien ou du territoire des pays voisins pour des actions hostiles contre la République islamique était considérée comme une question « grave et inacceptable ».

« Les pays voisins savent parfaitement que permettre à des tiers d’accéder à leur territoire pour mener des actions illégales ou agressives contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iran constitue une violation claire du droit international », a souligné M. Baghaï.

Il a précisé que l’Iran se réserve le droit de réagir de manière appropriée et prendra toutes les mesures nécessaires face à toute menace.

Plus loin dans ses remarques, M. Baghaï a rappelé que les États-Unis s’étaient retirés du PGAC en 2018 sans aucune raison valable, ajoutant que le régime israélien avait été le principal facteur derrière cette décision « illégale et discréditante ».

Selon ses termes, Israël cherche à transformer le programme nucléaire iranien en un problème international, alors que l’AIEA et son directeur général Rafael Grossi ont confirmé à plusieurs reprises que les activités nucléaires iraniennes n’avaient jamais dévié de leurs objectifs pacifiques.

Dans la foulée, M. Baghaï a dit qu’il est clair pour la nation et les responsables iraniens que les États-Unis ne sont pas dignes de confiance et s’opposent à tout progrès, développement ou indépendance de la République islamique.

« La question nucléaire n’était qu’un prétexte parmi d’autres pour exercer une pression sur le peuple iranien », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, M. Baghaï a indiqué que l’Iran ne s’était pas opposé à la présence américaine lors des réunions multilatérales proposées par le directeur général de l’AIEA, en marge de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, sur la question du rétablissement des sanctions.

« Nous n’avons pas rejeté cette proposition et avons exprimé notre disponibilité à faire preuve de bonne foi », a-t-il déclaré.

Cependant, les autres parties ont refusé d’y participer, avançant plusieurs excuses — notamment que les trois pays européens n’avaient pas réussi à convaincre les États-Unis d’y assister, ou encore que la partie américaine avait des considérations particulières, a-t-il fait savoir, avant de souligner que cela reflète leurs « propres divisions internes ».

Il a conclu en précisant que plusieurs réunions bilatérales avaient eu lieu ultérieurement entre l’Iran et les trois pays européens, ainsi qu’une autre en présence du représentant de la politique étrangère de l’Union européenne.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV