La démission de Sébastien Lecornu, premier ministre français, survenue peu après la présentation du nouveau gouvernement, a déclenché une onde de choc centrée sur la question du départ de l’exécutif et de la stabilité politique d’Emmanuel Macron.
Les appels à la dissolution ou à la démission du président français se multiplient, tandis que le parti gauche RN (Rassemblement national) réclame des élections anticipées. La crise institutionnelle qui secoue la France semble désormais atteindre un point de rupture.
Emmanuel Macron, fragilisé par l’effondrement successif de ses gouvernements depuis 2024, se retrouve désormais isolé et sans issue claire. La démission de Lecornu, acceptée ce lundi matin 6 octobre, a été l’élément déclencheur d’un flot de réactions politiques appelant à des décisions radicales : dissolution de l’Assemblée ou départ anticipé du président. L’effet domino lancé par l’échec des gouvernements Barnier, Bayrou puis Lecornu a plongé la France dans une instabilité chronique.
Depuis les élections législatives anticipées de 2024, le pays vit sous un Parlement ingouvernable, où aucun bloc – ni le centre macroniste, ni la gauche, ni la droite – ne dispose d’une majorité. « Nous sommes dans une impasse démocratique », a reconnu Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS).
Le dernier gouvernement, présenté le 5 octobre, a été immédiatement critiqué pour sa reconduction massive de ministres déjà décriés. Le retour de Bruno Le Maire, cette fois au ministère des Armées, a choqué jusque dans les rangs de la droite. Bruno Retailleau, président des Républicains, a accusé Lecornu d’avoir dissimulé cette nomination, accélérant une rupture avec l’exécutif.
L’ensemble de la classe politique s’accorde désormais sur un constat : Emmanuel Macron est seul et affaibli. Le quotidien britannique The Times le décrit même comme un « canard boiteux », incapable d’imposer une ligne claire.
Trois options se présentent, mais aucune n’offre une garantie de sortie de crise, selon une analyste de RT.
La première consiste à nommer un nouveau Premier ministre, en dehors du camp présidentiel. Des figures du centre-gauche, comme Philippe Brun, se disent prêtes à assumer cette tâche. Cependant, l’échec de Lecornu laisse penser que tout successeur subirait rapidement le même sort.
La deuxième option est une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale: des élections législatives anticipées sont désormais considérées par certains comme inévitables. Jordan Bardella, président du RN, a affirmé que son parti était prêt pour un scrutin, estimant qu’« il ne peut y avoir de stabilité sans retour aux urnes ».
La troisième option, la plus rejetée par Macron, est celle de sa propre démission. De plus en plus de voix s’élèvent pour qu’il quitte l’Élysée. Jean-Luc Mélenchon a réclamé l’examen immédiat d’une motion de destitution déposée par 104 députés.
À droite aussi, des figures comme Hervé Morin ou David Lisnard jugent qu’une élection présidentielle anticipée est la seule issue viable. CNN écrivait ce 6 octobre que la France semble « avoir tourné la page du macronisme ».
Sur le plan économique, les conséquences sont immédiates, la Bourse de Paris a chuté de 3 %. La presse allemande évoque un danger pour la stabilité de toute l’Europe, soulignant que la France n’a plus les moyens de « l’immobilisme ».
Le président tente encore de gagner du temps. Il a été vu, seul, ce 6 octobre, marchant sur les quais de Seine, discutant au téléphone, probablement à la recherche d’une issue impossible. Mais la rue gronde, les partis s’impatientent, et les marchés perdent confiance. Marine Le Pen a déclaré : « Nous sommes au bout du chemin. Dissolution ou démission, il faut trancher ».
Face à un exécutif à bout de souffle, tous les regards sont désormais tournés vers une possible dissolution de l’Assemblée nationale. Une hypothèse jugée « absolument incontournable » par plusieurs opposants, dont Éric Ciotti. Du côté des partis de gauche comme de droite, la pression s’intensifie pour provoquer un retour aux urnes.