L’incertitude politique a des effets en cascade sur la dette française. Deuxième économie de la zone euro, elle fait aussi peser un risque sur l’économie de ses voisins.
« Il faut faire attention à l’avalanche. » C’est l’avertissement lancé par Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques dans un entretien accordé au Parisien. Pour respecter le calendrier, un budget doit être présenté au plus tard lundi. « Il ne peut clairement pas être différent de celui que nous avons examiné », avertit-il également.
« Ce calendrier doit être respecté », estime aussi Olivier Redoules, directeur du pôle études à l’institut Rexecode. Dans le cas contraire, les impôts continueraient à être collectés et les remboursements versés par la Sécurité sociale.
« Mais l’État étant tellement présent dans notre vie », des pans entiers de la vie publique pourraient être déstabilisés et des décisions reportées. La question de la dette est par ailleurs « un sujet explosif si on ne fait rien ». Comme Pierre Moscovici, il trace un chemin qui passe par un effort continu jusqu’en 2031. « Pour simplement stabiliser la dette relativement au PIB, c’est-à-dire la taille de l’économie, cela représente un effort compris entre 21 et 25 milliards d’euros additionnels par an au cours de cette période. Par ailleurs, à l’échelle de la planète, c’est la zone euro qu’on regarde. Nos difficultés peuvent avoir des effets en cascade. »
Un risque de contagion
La charge de la dette était de 25 milliards d’euros en 2021. Elle a bondi à 70 milliards d’euros en 2025. Les taux d’intérêt se tendent pour la France. Leur augmentation se diffuse à l’ensemble de l’économie, aux PME ou aux ménages qui empruntent pour acheter un logement. C’est ce qu’Olivier Redoules appelle « l’effet de nœud coulant ».
Plus inquiétant encore, les difficultés de la France deviennent celles de la zone euro. « C’est ce qu’on a observé au moment de la crise des dettes souveraines. » Il y a un effet contagion. « Tout choc macroéconomique a des conséquences sur les autres pays européens. D’où l’inquiétude de nos voisins. »