Les autorités russes ont annoncé des sanctions à l’encontre du constructeur automobile français Renault, en raison de son implication dans des projets liés à la production d’armes. Cette décision intervient quelques mois après la révélation des ambitions militaires du groupe, notamment sa participation à la fabrication de drones destinés à l’armée ukrainienne.
Selon un document publié le 10 octobre sur le portail officiel des actes juridiques de la Fédération de Russie, Renault a été ajoutée à la liste des entreprises étrangères soumises à des mesures économiques spéciales.
En juin 2025, la presse française avait révélé que Renault envisageait d’entrer dans le secteur de la défense. Sébastien Lecornu, ministre des Armées de cette époque-là, avait précisé que le constructeur français collaborerait avec plusieurs acteurs de l’industrie militaire dans le but de produire des drones pour l’armée ukrainienne, et dans une moindre mesure, pour les forces françaises.
Quelques mois plus tard, en septembre 2025, des médias français ont publié le contenu d’une note interne, initialement confidentielle, dans laquelle Renault consultait ses employés sur une possible participation à la fabrication d’armes de combat. Le groupe expliquait avoir été invité par la Direction générale de l’armement (DGA) pour contribuer à différents programmes de défense, à l’instar d’autres entreprises françaises.
Le constructeur soulignait alors que cette orientation pouvait représenter une opportunité industrielle pour ses sites en France, tout en précisant que « tout engagement restera conditionné à un impact positif sur l’activité en France » et ne remettrait pas en cause ses investissements dans le secteur automobile.
En Russie, la décision de Renault de se lancer dans l’industrie militaire a été accueillie avec ironie. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré le 9 juin que ce choix industriel reflétait une prise de conscience stratégique de la part du constructeur français. « Ils sont réalistes, ils ont perdu le marché automobile », a-t-elle indiqué.
Au printemps 2022, Renault a cédé à l’État russe, dans le cadre d’une transaction symbolique « pour un rouble », 67,69 % des actions du constructeur automobile russe AvtoVAZ et 100 % de l’usine Renault Russie. Cependant, en février dernier, le PDG de Renault, Luca de Meo, a déclaré que l’entreprise n’excluait pas un retour.
Néanmoins, bien que les répercussions de la décision du gouvernement russe d’appliquer des mesures économiques spéciales à Renault soient encore peu claires, la possibilité d’un retour du constructeur automobile français en Russie semble déjà incertaine. En septembre dernier, le service fédéral russe de la propriété intellectuelle a opposé un refus préliminaire à la demande d’enregistrement du sigle « Reno » en Russie, déposée par Renault en 2024 afin d’utiliser la marque pour la production et la vente de véhicules.
Dans le même temps, Maxime Sokolov, président d’AvtoVAZ, a souligné que l’usine, dont Renault détenait des parts avant son départ du marché russe, pouvait se développer efficacement par elle-même, garantissant la souveraineté technologique du secteur, et n’attendait pas le retour de son ancien actionnaire.