Lors d’une interview télévisée sur une chaîne nationale, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré jeudi soir depuis Karbala que « la résistance inébranlable du peuple iranien pendant la guerre et les sanctions a suscité la colère des ennemis du pays, en particulier du régime israélien ».
Il a dénoncé les efforts du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour saper l’unité au sein de l’Iran en exploitant les déséquilibres énergétiques. « Les adversaires de l’Iran ont sous-estimé la détermination de son peuple », a-t-il affirmé.
« Il existe un dicton célèbre selon lequel Dieu a créé nos ennemis stupides, et nous constatons qu’eux, les sionistes, ont recours à des méthodes superficielles, répétitives et obsolètes. Ils pensaient pouvoir chasser notre peuple du champ de bataille pendant la guerre, mais au lieu de cela, notre peuple a fermement soutenu son pays », a-t-il déclaré faisant allusion à l’agression américano-israélienne de 12 jours contre l’Iran en juin dernier.
M. Araghchi n’a pas nié les déséquilibres du secteur énergétique iranien, les attribuant en grande partie aux sanctions : « Ils nous ont imposé des sanctions et nous ont ligotés. Mais notre résistance à ces sanctions les a mis en colère, tout comme nous avons résisté pendant la guerre. »
Il a rejeté les récentes allégations de Netanyahu sur l’approvisionnement en eau de l’Iran, les jugeant « plus susceptibles de faire rire les gens ». En effet, ce dernier avait prétendu qu’il pouvait « transformer les eaux usées en eau potable pour les Iraniens » ; une affirmation que les responsables de Téhéran ont qualifiée d’ « hypocrite et de trompeuse », alors que dans la bande de Gaza assiégée, les Palestiniens déplacés sont confrontés à d’extrêmes difficultés pour accéder à l’eau potable.
Rappelons que le régime israélien a lancé une agression de grande ampleur contre le territoire iranien le 13 juin 2025, frappant des positions militaires et des sites nucléaires et assassinant de hauts responsables militaires, des scientifiques nucléaires et des civils. Les États-Unis sont également intervenus dans cette agression en attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran dans le centre du pays.
En réponse, les forces armées iraniennes ont mené des frappes de missiles précises sur les infrastructures militaires et industrielles d’Israël et la base aérienne américaine d’Al-Udeid au Qatar. Après douze jours, le régime d’occupation a été contraint d’annoncer un cessez-le-feu unilatéral sur proposition des États-Unis.
Résistance inspirée par l’Achoura
Le ministre iranien des Affaires étrangères s’est exprimé depuis Karbala et lors de la procession annuelle d’Arbaeen, un grand rassemblement religieux marquant le 40e jour après l’Achoura. Chaque année à l’occasion de l’Arbaeen, des millions de pèlerins musulmans venus en Irak des quatre coins du monde se rendent à pied jusqu’à Karbala, pour honorer l’imam Hossein (béni soit-il), le troisième imam des chiites.
L’événement est considéré comme l’un des plus grands rassemblements pacifiques au monde et comme une démonstration de l’unité des chiites et de la défiance contre l’oppression.
M. Araghchi a déclaré que la participation iranienne cette année était aussi forte, voire plus forte, que les années précédentes. « On retrouve le même amour et le même enthousiasme, et une motivation encore plus grande qu’avant », a-t-il noté.
« En chemin, j’ai rencontré à plusieurs reprises des Iraniens qui m’ont gentiment exprimé leur soutien, en me disant : “Tiens bon”, “Sois fort”, “Nous sommes derrière toi et le Leader” et “N’abandonne jamais le Leader”. Cela montre que la motivation des gens est non seulement intacte, mais elle a grandi », a-t-il déclaré.
Il a souligné que les Irakiens étaient eux aussi désireux d’exprimer leur solidarité avec les Iraniens qui ont résisté face à l’agression américano-israélienne. « Beaucoup m’ont dit que notre résistance et les missiles tirés par l’Iran ont rempli leur cœur de joie et de fierté. Cet enthousiasme est visible parmi la population ; on a l’impression qu’un lien plus fort s’est formé. »
M. Araghchi a décrit l’Arbaeen comme « une démonstration de force chiite », soulignant que les Iraniens s’étaient inspirés de l’Achoura pour faire face à l’agression israélienne. « Nos ennemis ne peuvent vraiment pas comprendre cela. »
« Il faut comprendre l’Imam Hossein (béni soit-il) pour comprendre que le chiisme progresse par le sang et le sacrifice. Le martyre d’un commandant ou d’un individu n’arrête pas le mouvement. Certes, chaque perte est un coup dur, mais ce sont ces sacrifices mêmes qui propulsent le mouvement vers l’avant, avec plus de motivation et de ferveur. Ce n’est pas un slogan, c’est la réalité de l’école chiite et de l’école de résistance. »
Le battage médiatique autour de la guerre ; une « guerre psychologique »
Interrogé sur la possibilité d’une nouvelle guerre, M. Araghchi a précisé que pendant les deux jours de cérémonies d’Arbaeen, « personne ne m’a posé cette question », bien qu’elle m’ait été fréquemment posée avant le voyage.
« La possibilité d’une guerre existe toujours pour tout pays », a-t-il déclaré. « Mais nos ennemis tentent de nous maintenir dans un état de peur constant afin de pouvoir imposer les effets psychologiques de la guerre sans combattre. Nous devons être vigilants face à de telles tactiques. »
« Cela fait partie de la guerre psychologique et nous devons la contrer », a-t-il ajouté.
Réfléchissant à la période qui a précédé la guerre des 12 jours, il a dit qu’il avait alors pressenti une guerre imminente en raison des conditions régionales et internationales.
« Aujourd’hui, je n’ai pas ce sentiment, a-t-il assuré. D’après ce que j’observe dans la région, à l’échelle internationale, nationale et en ce qui concerne l’état de préparation de nos forces armées, je ne pense pas que la guerre soit imminente. Bien sûr, je peux me tromper… Mais avec près de 40 ans d’expérience dans les affaires internationales, je ne crois pas que la guerre soit imminente. »
Il a toutefois averti que la préparation demeure essentielle. « Les forces armées doivent toujours être prêtes, et le gouvernement doit être pleinement prêt à toute éventualité. La préparation est le meilleur moyen de dissuasion contre la guerre », a-t-il conclu.
