Le Dr Omar Yaghi, un scientifique palestinien qui a grandi dans un camp de réfugiés, a reçu le prix Nobel de chimie 2025. Ce chimiste a été distingué, avec le Japonais Susumu Kitagawa et Richard Robson, né au Royaume-Uni pour le développement de nouvelles structures moléculaires capables d’emprisonner des gaz. Leur travail sur les réseaux métallo-organiques (RMO) offre un immense potentiel pour réduire les effets du changement climatique et fournir de l’eau potable dans les régions arides.
Yaghi, âgé de 60 ans, travaille à Berkeley en Californie, et Kitagawa, 74 ans, est professeur à l’université de Kyoto. Robson, 88 ans, est professeur à l’université de Melbourne, en Australie.
Les recherches du Dr Omar Yaghi ont eu un impact mondial considérable, avec plus de 300 articles scientifiques publiés, cités plus de 250 000 fois, et un indice H de 190, témoignant de son influence exceptionnelle dans la chimie moderne.
Le professeur d’origine palestinienne est reconnu comme le fondateur de la « chimie réticulaire », une nouvelle branche de la chimie qui relie des blocs moléculaires entre eux pour former des structures étendues grâce à des liaisons fortes.
Né en 1965 de parents réfugiés palestiniens en Jordanie, le Dr Yaghi a grandi dans une modeste maison d’une seule pièce.
« J’ai grandi dans une maison très modeste. Nous étions une dizaine dans une petite pièce, que nous partagions avec le bétail que nous élevions », avait-il relaté plus tôt à la fondation Nobel, expliquant que leur foyer ne disposait ni d’électricité ni d’eau courante et que sa mère ne savait ni lire ni écrire.
« C’est un parcours sacré, et la science vous permet de l’accomplir », a-t-il déclaré dans une interview diffusée sur le site de la fondation Nobel, ajoutant que la science est la plus grande force au service de l’égalité des chances.
« Les gens intelligents, talentueux et compétents existent partout. Nous devrions vraiment nous concentrer sur la libération de leur potentiel, en leur offrant des opportunités », avait-il déclaré plus tôt.
Yaghi, qui s’est dit étonné et honoré de recevoir la distinction, avait dix ans lorsqu’il découvrit par hasard un livre sur les molécules à la bibliothèque de son école — un moment décisif qui éveilla en lui une passion durable pour la chimie.
« Plus on creuse, plus on découvre à quel point les choses sont magnifiquement construites », a-t-il déclaré.
À 15 ans, il s’installe aux États-Unis, malgré une connaissance limitée de l’anglais.
Aujourd’hui, il dirige plusieurs instituts scientifiques prestigieux, dont l’Institut mondial des sciences de Berkeley qui œuvre à créer des centres de recherche dans les pays en développement et à soutenir les jeunes scientifiques.
Outre le prix Nobel, le Dr Yaghi a reçu de nombreuses distinctions internationales, parmi lesquelles le prix international Roi Fayçal des sciences (2015), le prix Solvay (2024), le prix Tang (2024) et le prix Balzan (2024).
Le célèbre chimiste est devenu ainsi le deuxième scientifique musulman à remporter ce prix dans cette catégorie. Le premier lauréat musulman du prix Nobel de chimie fut le Dr Ahmed Zewail, scientifique égypto-américain, distingué en 1999.
Dans un message publié sur X, le journaliste palestinien Mohammed Shehada a rappelé les conditions précaires dans lesquelles M. Yaghi a grandi, soulignant que des centaines de chercheurs de Gaza ont été tués lors du génocide perpétré par le régime israélien dans l’enclave palestinienne.
Depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le régime israélien a déclenché sa guerre sanglante contre la bande de Gaza, au moins 67 183 personnes, majoritairement des enfants et des femmes, sont tombées en martyr, plus de 169 841 autres ont été blessées.